PARIS
Encres de Chine, d´ODETTE CAMP
Ce Paris dont, née d’un ciel clair et d’une mer mouvante, j’ai déclaré que je ne l’aimais pas, le voici sous mes yeux avec ses divers visages, variant du Canal de la Villette à l’Institut, devant quoi les longs arbres sans feuilles mettent leurs reflets dans la Seine nacrée, où les gros bateaux reposent devant le Pont Marie.
Des places serrées entre de hautes maisons à fenêtres mansardées, aux ruelles de façades ventrues, voilà donc le Paris souvent ignoré, que les dessins précis et profond d’Odette CAMP nous font connaître.
Demeure où logea Anne d’Autriche, voûtes de l’Hôtel d’Argenson, vignes échelant aux murailles de la cour de Rohan, il fallait ces pinceaux de bois trempés dans l’encre de chine pour nous en restituer l’enchantement ancestral. Et celui des ponts, et celui de l’eau.
Du charme secret de la petite place de Furstenberg au carrousel de Barbès, Odette CAMP, guidée par ses yeux de poète-peintre, jusqu’aux moindres recoins explorés avec amour, nous fait participer par tant de rigueur ajoutée à tant de sensibilité, à l’émotion qui émane de l’énorme cité, reine de France. Sa technique très personnelle sert aussi savamment la noblesse insoupçonnée des vieux quartiers de Paris que ces graves paysages corses soulignés d’aquarelles ou ces virils contours de barques espagnoles démâtées. Odette Camp nous impose par sa puissance dans la recherche, qui transcende le pittoresque – marque du talent maîtrisé – la pénétration au cœur même du pathétique.
Thyde MONNIER, 1960
Odette Camp et la presse
Odette Camp et Paris